mardi 16 juillet 2013

ours brun

La principale cause de disparition de l'ours des Alpes françaises fut la chasse:

Avec les guerres de l'Empire et la Révolution Industrielle, les armes à feu se généralisèrent et la chasse augmenta. Pire, en 1844, le législateur déclara l'ours comme un animal "nuisible". Dès lors, les préfets peuvent ordonner des battues : "les ours pourront être détruits partout, en tous temps et par tous moyens et en tous lieux...". Des battues furent donc entreprises chaque année entre 1860 et 1904, en Vercors et dans les Bauges notamment, mais très certainement ailleurs aussi. De toute façon, dès 1860, l'espèce est condamnée et les battues restent le plus souvent sans succès.
Mais l'environnement de l'ours fut aussi touché. Plusieurs facteurs ont entraîné l'isolation de petites populations (sans contact entre elles) qui furent éliminées peu à peu :
  • les coupes de bois dues à l'industrie papetière devinrent de plus en plus importantes, notamment dans la Belledonne en 1869.
  • l'ouverture de nombreuses routes à la dynamite, pour l'artillerie ou le désenclavement du Vercors (1825) par exemple.
  • l'exploitation des terres en moyenne montagne, laissant peu de place à la forêt.
  • l'accroissement de la densité humaine, notamment dans les vallées profondes entre les massifs.
Ainsi, à la fin du XIX° siècle, le massif alpin français réunissait tous les éléments pour que la disparition de l'ours survienne, même si elle ne fut effective qu'en 1940 (au moins).
Les ours des Alpes de cette époque sont vagabonds, marcheurs et solitaires. L'absence de grands massifs forestiers les obligent à parcourir de grandes distances à la recherche de nourritures, de partenaires et de cachettes. A l'image de l'ours des Pyrénées, il est plutôt petit (125 - 150 kg en moyenne).
Commençons par des remarques générales sur l’ours : il ne faut pas confondre l’ours des Pyrénées (ours brun) avec le grizzly vivant principalement au Canada et en Alaska... Le nôtre fait entre 100 et 200 kilos, le grizzly adulte pèse entre 500 et 700 kilos... Leur tempérament n’est en rien comparable : le grizzly est régulièrement le sujet de faits divers au Canada... Tout ça pour rappeller que, pour tenter d’expliquer la supposée dangerosité de l’ours, il vaut mieux se concentrer sur nos ours                                                                                            
Le régime alimentaire de l’ours brun estconstitué à environ 60% de plantes (myrtilles, faines, glands, etc.), 30% d’insectes, petit rongeurs... et 10% de viande (aussi bien des charognes que des proies vivantes). Le régime alimentaire des oursréintroduits dans les Pyrénées (ours brun de Slovénie) est quasiment le même que celui des oursde souche pyrénéenne : le Slovène a besoin d’une fraction carnée légèrement supérieure à celle de son proche cousin pyrénéen. (14% contre 10%). Bref, on ne peut pas dire qu’il ait un régime alimentaire à dévorer les petites filles qui se promènent dans les sous-bois...Je vois déjà certains Ariégeois en train de vociférer : "Ce sont des beaux discours des gens des villes, mais s’il me met un coup de patte, je suis mort !"... Il est vrai que si l’on ne s’en tient qu’à l’aspect physique, l’être humain présente des capacités nettement inférieures. Remarquez que la comparaison avec une vache est aussi largement défavorable. Il est toutefois légitime que dans certaines situations très particulières (dérangement d’une femelle suitée, présence intempestive de chiens), on pourrait imaginer que l’ours ait le même comportement que n’importe quel autre animal et se montre agressif envers l’homme. Alors, examinons les chiffres !

Il n’existe pas un seul récit documenté d’une personne tuée par un ours dans les Pyrénées depuis plus de 150 ans... argument massue. Et pourtant les populations d’ours et de montagnards étaient toutes deux bien plus importantes que maintenant, lors du siècle passé.Plus précisément, l’ours est étudié depuis dix ans. Alors, combien de fois pensez-vous que l’ours ait été vu, sachant qu’il y a une petite vingtaine d’ours et beaucoup d’éleveurs, de promeneurs, etc. ? D’ailleurs,est-ce que vous, éleveur émérite qui sillonnez la chaîne des Pyrénées en toute saison, avez déjà vu l’ours ?... Eh bien l’ours a été vu seulement 60 fois... Inutile de dire que pour le voir, il faut se lever tôt, et ce n’est pas le touriste citadin en randonnée familiale qui risque de le croiser lors de ses promenades !Et dans ces 60 fois, qu’a-t-il fait ? 
Dans 78% des cas, il est parti en vitesse.
Dans 19% des cas, il a continué comme si de rien n’était.
Et dans deux cas, il a chargé. Je vois déjà certains bondir et protester : "Vous voyez bien que c’est un danger !"... Eh bien non !
 Le premier cas concerne les deux agents qui pistaient Ziva et ses deux oursonsd’un peu trop près... Mais ce ne fut qu’une charge d’intimidation... Pas de contact. Le deuxième cas concerne la mort de Mellba, encore aujourd’hui assez obscure.
(A noter, pour ceux qui suivent encore, que cette étude est antérieure à la mort de Cannelle et donc ne recense pas ce cas-là). La faiblesse du nombre de ces rencontres homme-ours s’explique par le fait que l’ours est un animal essentiellement nocturne..
Je pourrais vous trouver les chiffres des personnes qui ont été tuées par des vaches, des frelons, des vipères, des sangliers, des cerfs, mais je ne crois pas que cela soit nécessaire... Je ne partirai pas non plus sur les 135 morts (au cours des cinq dernières années) parmi les chasseurs (il est vrai, nettement plus nombreux que les ours) qui, eux, ne font peur à personne en Ariège. L’ours n’est pas un animal plus dangereux qu’un autre. C’est un fait.
En conclusion, je dirai donc que si vous avez encore peur de l’ours des Pyrénées, après avoir lu ces quelques lignes, votre problème, ce n’est pas l’ours.


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